Les restes du banquet

J'ai ramassé pendant des années des "restes" partout, tout le temps, en tous lieux, en considérant cette action comme le fondement, le Kairos , le début du possible.
Si, à ce moment, je n'écoute pas mon désir pour cette petite chose qui ne pourrait être qu'un déchet à vos yeux, alors tout est perdu et rien ne pourra se faire.

C'est ici que les choses commencent et nulle part ailleurs.

C'est parce que mon désir est plus fort que tout à ce moment là. C'est si facile de laisser passer ces instants, mais j'ai appris à écouter ce désir.
Tous ces "restes" sont pour moi des formes précises, des couleurs subtiles, des matières inimitables… et surtout ma matière première, mais sans jamais savoir ce que je vais en faire !

J'ai désiré chacun de ces "restes" je les ai choisis partout, j'ai été surpris de les découvrir, je les ai vus, je les ai reconnus, je les aime !
Car j'aime ce qui me surprend. Ils sont si singuliers, si inégalables , nous ne pourrions en avoir l'idée ! Ils ont tous 100 fois plus d'imagination que moi !

Ainsi, à la manière des Grecs qui lors des banquets laissaient leurs "restes"sur le sol "pour que les Dieux ne soient pas oubliés", ces "restes" aussi étaient désirés. Ils n'étaient pas des déchets mais des offrandes laissées pour leurs Dieux, leurs Pères.
Voilà pourquoi je me suis approprié ce titre " les restes du banquet" : il nomme ce que je ne pouvais nommer autrement qu'en faisant ces œuvres !

Toutes ces constructions ne sont qu'un prétexte à utiliser ces "restes" que je chéris, insectes, soldats de plombs …. Peu importe !

Ce que vous laissez je le prends !

Printemps 2018